John Ballantyne
english
peintures / procédé
dessins
c.v.
biographie
essai
contact / liens
atelier
accueil
© John Ballantyne, 2008-16, tous

John Ballantyne : combler de sens le vide

 

John Ballantyne est fasciné par le vide. Il peint des pièces vides, des sièges vides, des scènes vides. Un de ses sujets favoris, ce sont les terrains de l’Exposition de Brome hors saison, les mornes bâtiments blancs complètement désolés. Mes ces vides, paradoxalement, ne sont pas totalement dénués. John voit une scène déserte comme rempli d’attente et de déception. Une église vide est chargée de la relation complexe du rapport de l’humanité à Dieu et à la religion. L’absence de figures humaines ou même animales dans ses peintures communique un sens de l’aliénation et de l’abandon, mais là aussi, il voit quelque chose d’autre : les espaces vides intérieurs sont toujours remplis de lumière, une métaphore de l’illumination divine. « Nous ne sommes jamais complètement perdus dans le noir », dit-il.

 

Ayant abandonné ses études, John a finalement, au début de la vingtaine, prêté attention à une voix intérieure qui lui disait de « s’acheter des pinceaux et de se mettre à l’œuvre ». Il s’est installé à Toronto, « où nous peignions aussi vite que nous pouvions, en copiant les immenses œuvres abstraites » de la fin des années 60. Il n’a pas fallu beaucoup de temps à John pour constater que tel n’était pas son style. Inspiré par la simplicité de type Shaker, John s’apparente davantage, dans l’austère précision de son œuvre, à Alex Colville et Christopher Pratt, de l’école de la Côte Est. Il aime travailler très lentement et soigneusement. Peignant à temps plein, il consacre quelques mois à réaliser chacune de ses peintures. À propos de l’une de ses œuvres les plus récentes, il souligne que « la pelouse à elle seule lui a pris cinq semaines ».

 

Bien que sévères et austères au premier regard, les peintures de John sont toujours remarquables dans leur composition, voire déstabilisantes dans leurs proportions et perspectives et dans l’interaction des constructions humaines dans des décors naturels. Mais un second regard révèle une richesse de textures dans les surfaces et une espièglerie dans les détails cachés. Il est étonnamment méticuleux dans sa technique et il utilise des pinceaux d’une valeur d’une dizaine de milliers de dollars, fabriqués sur mesure pour obtenir les effets qu’il recherche. Il effectue des esquisses préliminaires complètes dans tous les détails, mais il soutient « qu’il a tendance à relaxer un peu maintenant et qu’il va laisser de côté certaines choses ». Son studio est aussi ordonné que son art; tous ses pinceaux et brosses sont parfaitement classés. Il a même mis au point des méthodes spéciales pour prévenir la formation de taches sur ses œuvres et il se délecte tout autant dans ces points de détail que dans sa peinture elle-même.

 

En dépit de son travail rigoureux, John est détendu. Jovial et attachant, il a l’air d’un homme heureux dans la vie et dans son art. En effet, il semble que son style particulier est davantage le résultat d’une sérénité spirituelle que d’une prédisposition à être tendu. « En vérité, c’est un reflet de ma mère, qui valorisait l’ordre plus que toute autre chose », dit-il. Mais alors il me dit : « C’est une affaire de caractère; certains individus aiment bricoler avec les détails, essayer de comprendre comment les choses s’imbriquent les unes dans les autres. » Et c’est ce que fait John dans son studio rempli de lumière.

 

Par Susan Briscoe, Sutton 2003 ©

 

Traduction : Marc Bernier, Sherbrooke, 2008.

diaporama dessins